Un virus sexiste et injuste ?

Après un an de confinement, il est temps de Faire Front* contre les conséquences injustes des mesures.

Adélaïde Charlier – Youth for Climate
David Murgia – comédien
Christine Mahy – RWLP
Charlotte Casier – Collectif 8 mars
Eva Betavatzi – Action logement Bruxelles
Jean-François Tamellini – FGTB Wallonne
Felipe Van Keirsbilck – CNE CSC
Nadia Cornejo – CNCD


Il y a tout juste un an, ce foutu virus nous a confiné. Il nous a privé d’accolades et de grandes tablées amicales, il a plongé de nombreux/ses aîné.e.s dans une immense solitude et de nombreux/ses précaires dans une encore plus grande précarité. Il a privé les adolescents et les jeunes de leurs espaces de vie et d’interactions. Il a tué beaucoup d’entre nous. Il a fait porter aux personnels des soins une énorme charge de travail, de fatigue et de tristesse, il a privé de travail et de revenus des centaines de milliers d’entre nous, poussant certain-es au désespoir. Le bilan de ce virus est de toute façon accablant : ce n’est pas nécessaire de chercher d’autres reproches à lui adresser !

Et pourtant, lorsque nous regardons d’un peu plus près tous ces méfaits, un élément saute aux yeux : les femmes et les mères seules, les enfants et les ados, les pensionné-es, les pauvres et les précaires, les personnes isolées, les intérimaires, les petits indépendants, les artistes, les intermittents, les migrants, les sans-papiers, les sans-domiciles, les prisonniers, les travailleuses du sexe, etc. sont frappées plus durement que les autres. Dans le même temps, les plus riches ont souvent pu tirer profit de la crise pour s’enrichir encore. Les grandes entreprises ont pu continuer à fonctionner et à engranger des profits importants. Certaines s’apprêtent à verser de généreux dividendes à leurs actionnaires.

En plus d’être sournois, contagieux, mortel, ce virus serait donc aussi sexiste et injuste ?

À moins que … À moins que ce virus n’ait pas d’opinions ni de préférences ou encore de responsabilités morales ; qu’il fasse simplement, bêtement, ce que les virus savent faire : proliférer partout où il le peut, sans aversion particulière contre la culture ou la démocratie, sans aucune préférence pour telle ou telle catégorie sociale.

Les choix politiques ont aggravé inégalités et injustices

Mais alors, puisque, sans le moindre doute, le confinement et l’ensemble des mesures prises ont frappé plus durement les secteurs les plus fragiles, qui est responsable ? Qui doit rendre des comptes ? Pourquoi les temples du commerce ont-ils rouvert si rapidement alors que les lieux de culture restent fermés ? Pourquoi a-t-on mobilisé si vite 390 millions pour une compagnie aérienne, et si peu pour les plus pauvres et les plus précaires ? pourquoi le personnel soignant et les autres métiers essentiels n’ont-ils encore vu aucune revalorisation sérieuse venir ? Des pourquoi comme ceux-là, nous en avons des dizaines, ils nous emplissent d’une vaste colère.

Nous ne voulons plus d’une gestion de la crise qui ne considère pas les liens sociaux et la solidarité comme des valeurs essentielles. Nous ne voulons plus que la crise que nous vivons collectivement exacerbe encore les inégalités et soit assumée injustement par les publics déjà victimes d’injustices au quotidien.

Répétons-le : nous ne voulons pas non plus d’un retour à la normale, car cette « normalité néolibérale », faite d’inégalités violentes, de mondialisation insensée, de destruction des services publics, de marchandisation de la vie et de résignation à la catastrophe écologique, est aussi la source du drame que nous vivons. L’échec des politiques néolibérales menées ces 4 dernières décennies est complet. Une rupture avec ce modèle est nécessaire, urgente, et possible.

Mars : un printemps de luttes convergentes

Ce mois de mars voit, presque chaque jour, la mobilisation de collectifs de « perdants du confinement » et des victimes des injustices de notre modèle économique, aggravées par la pandémie. Féministes le 8, sans-papiers le 10, monde de la culture le 13, « affaire climat » le 14, antiracistes le 21, droit au logement le 28, front commun syndical le 29, et nous en oublions beaucoup …

Chacune de ces luttes est importante, et elles se renforcent mutuellement. elles sont reliées parce qu’elles s’inscrivent en rupture avec cette logique capitaliste mortifère. Et par ce qu’elles revendiquent : ici et maintenant, une autre gestion des risques sanitaires plus juste, plus humaine et plus solidaire ; et, pour demain matin, un autre modèle de société.

Dans l’immédiat, et sans attendre l’allègement général des mesures, il faut en rééquilibrer la charge, en considérant la culture, les liens sociaux, comme aussi importants – et davantage ! – que le commerce et le profit. Il faut également compenser intégralement les pertes de revenus des plus précaires.

Et demain, il faudra tirer les leçons des causes et des conséquences de cette catastrophe, pour amorcer un réel changement de cap. Et c’est possible ! On peut parfaitement transformer radicalement nos modes de production et de consommation, et nos relations avec les êtres humains et la nature. Il existe des alternatives simples, crédibles et immédiatement réalisables pour remettre la finance à sa juste place, pour diminuer radicalement le poids de la dette, pour sortir de l’austérité, pour refinancer les services publics et la culture, etc. Pour concrétiser ces alternatives et rompre avec l’orientation capitaliste de nos économies, au minimum deux éléments seront nécessaires : du courage politique, mais aussi et surtout un mouvement social puissant qui mette la pression sur nos représentant.e.s politiques afin qu’ils/elles œuvrent réellement en faveur des intérêts de la majorité de la population.

*Faire Front est un espace de convergence des mouvements sociaux né au début du premier confinement, qui réunit plus de 100 organisations, associations ou collectifs qui revendiquent, ensemble, une rupture démocratique, sociale et écologique ! Le CBCS en fait partie et soutient pleinement ces revendications.

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