De février à avril 2021, le Centre Bruxellois de Promotion de la Santé (CBPS) a mené une enquête qualitative, commanditée par la Ministre Barbara Trachte, auprès de travailleurs issus des services médico-sociaux de première ligne et de proximité. Il en ressort que la crise actuelle a renforcé les inégalités qui touchent les populations les plus vulnérables.
Geurts F., Favresse D., Services médico-sociaux de première ligne à Bruxelles : impact de la crise sanitaire et recommandations, Centre Bruxellois de Promotion de la Santé, Bruxelles, 2022
Suite à la deuxième vague de la pandémie de Covid-19, à l’automne 2020, il était apparu que les mesures de prévention ne rencontraient pas assez les objectifs définis au niveau régional dans certains quartiers fragilisés de Bruxelles. D’où cette enquête basée sur une récolte des données – 30 entretiens semi-directifs – menés auprès de professionnels intervenant auprès de populations vulnérables (personnes âgées, jeunes de quartiers défavorisés, personnes bénéficiant de l’aide sociale, personnes sans-abri, etc.). Interviews d’une part des travailleurs médico-sociaux de terrain (assistants sociaux, éducateurs de rue, infirmiers), d’autre part des responsables de projets, d’équipes ou de services.
L’objectif des rencontres
L’objectif étant de mieux comprendre l’impact que la crise a eue sur leurs pratiques et leurs usagers et élaborer, sur base de cette expérience, des recommandations pour mieux affronter ce type de pandémie dans le futur.
Constats
Il en ressort que la crise actuelle a renforcé les inégalités qui touchent les populations les plus vulnérables.
Celles-ci ont été davantage affectées par les mesures politiques prises. Les conséquences sur leur quotidien ont été importantes : creusement de la fracture numérique, moindre capacité d’adopter les comportements de protection, gestion difficile de l’anxiété. La défiance envers le monde politique n’a cessé d’augmenter : les autorités sont perçues comme déconnectés du vécu des populations fragilisées et des travailleurs de terrain. La gestion de la pandémie affecte les liens sociaux, favorise les tensions sociales entre «bons» et «mauvais» citoyens, stigmatise certains comportements des plus démunis et, son caractère anxiogène impacte leur santé mentale. La tendance à réduire la pandémie à sa seule réalité sanitaire, prophylactique a su vraisemblablement permettre de gérer une situation d’urgence. Mais, au fur et à mesure que l’épidémie se prolonge, cette focalisation se révèle contre-productive en termes de prévention et de santé publique envers les publics fragilisés. Elle empêche de prendre en compte que la pandémie touche toutes les dimensions de la vie des populations et réduit les possibilités de mettre en place des interventions de prévention et de promotion de la santé jugées efficaces.
Recommandations
Nous plaidons pour une meilleure prise en compte des vulnérabilités sociales et culturelles, pour des
démarches préventives et des mesures politiques construites à partir d’une pluralité de savoirs disciplinaires (Coutellec 2020 ; Mansour 2021) et pour une participation accrue des populations à la mise en œuvre des actions qui les concernent (Wallerstein 2006, 2018). Étant donné la diversité des profils et des attentes, les mesures de prévention ainsi que les politiques sociales et de santé doivent être davantage diversifiées. Outre une meilleure adhésion aux mesures de protection et une atténuation des conséquences mentales, sociales et physiques de la crise, ces démarches sont les plus à même de renforcer les compétences des personnes vulnérables pour faire face à une crise.
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