Sauver l’avenir du non-marchand !

Le mercredi 24 avril avait lieu une journée organisée par le Collectif 21, un regroupement d’associations et de fédérations d’associations qui entend défendre la légitimité associative dans ses principes généraux. Le CBCS était de la partie et vous raconte les coulisses de cette initiative ô combien essentielle, rassemblée autour d’un objectif clair : sauver l’avenir associatif ! Pour expliciter le caractère essentiel du non-marchand, les acteur·ices du secteur ont défendu bec et ongles leurs revendications devant un panel politique. Face à elles/eux, 5 partis politiques ayant accepté l’invitation (Défi, MR, Ecolo, Les Engagés et le PS) et sommés de leur répondre par des propositions concrètes.

Par Adeline Thollot, CBCS, 02/05/2024

Ce ne sont pas moins de 170 personnes qui ont pris place dans la grande salle de la Maison des Associations internationales la semaine dernière. La matinée commençait par la diffusion du film « 2121 Hypothèses, Associations », réalisé par Michel Steyaert en 2022. S’appuyant sur les témoignages des principaux/ales concerné·es, le film permet de planter le décor, en pointant du doigt les dysfonctionnements auxquels le secteur non-marchand doit faire face.

En début d’après-midi, c’est l’équipe du GABS qui a ouvert le bal, avec des saynètes humoristiques, librement inspirées de situations vécues, illustrant l‘absurdité dans laquelle sont plongées les associations aujourd’hui. L’occasion d’assister à tout un florilège de contraintes administratives : les subsides ponctuels via les appels à projets, la surcharge de travail qu’ils constituent ou encore la rédaction des rapports d’activité et des termes employés pour cocher toutes les cases, afin de voir son financement reconduit l’année suivante. Nous avons même pu assister, grâce à ces comédiennes de talent, à une tentative de rentrer dans le cadre. Et ce, au sens littéral !

À l’aune des élections de juin 2024, s’en est suivi un débat électoral, modéré par Edgar Szoc, président de la Ligue des droits humains. Il portait principalement sur 4 thématiques définies en amont : la spécificité associative, le financement structurel, l’autonomie de gestion et de réalisation et l’allègement administratif. Toutes ces recommandations sont d’ailleurs reprises dans le memorandum du Collectif21.

Dans son introduction, Farah Ismaïli, directrice de la FESEFA rappelait l’inventivité et la vitesse de mobilisation du secteur, qui s’est particulièrement illustrée, lors de la crise du Covid-19. Considéré comme un secteur non-essentiel, le non-marchand a pourtant rapidement développé une solidarité, au plus près des personnes dans le besoin, et ce, malgré les règles strictes imposées par le confinement. À la différence des services publics, l’associatif identifie des besoins qui ne sont pas couverts par l’État et tente d’y apporter une vision, des solutions. Véritables courroies de transmissions, les asbls sont des actrices du monde politique, caractérisées par une force de déploiement sans pareil. Elles ont un mode de gouvernance qui leur est propre et qui se veut démocratique dans les prises de décisions.

Si les politiques n’ont pas voulu, ou osé, remettre en cause ce constat-là face à un parterre de travailleur·ses associatif·ves, i/elles se sont positionné de manière assez différente sur le degré de priorité que revêtait le secteur à leurs yeux. En revanche, personne n’a répondu à l’attaque de Farah Ismaïli, lorsqu‘elle a demandé à ce que les asbls soient reconnues en leur qualité d’experte sur les sujets qui les occupent. Notamment, lorsqu’il est question de construire des politiques publiques et de les évaluer et que les fonds -importants voire démesurés- pour se faire, sont confiés à des boîtes de consultance privées.

Afin de se prémunir de la langue de bois, si chère à nos politiques, deux membres du Collectif21 ont incarné le Muppet show pour l’occasion. Le but : intervenir avec leurs gros sabots pour recentrer le débat, lorsque la discussion déviait de trop. Cette technique s’est avérée très efficace !

« Les conditions d’exercice de la liberté associative ne sont pas toujours remplies, alors même que la liberté de s’associer est inscrite dans la constitution belge »

Farah Ismaïli, directrice de la FESEFA

Questionnés sur leur volonté de vouloir donner plus d’argent au secteur, ou encore de lever certaines charges administratives, les avis des partis politiques sont moins unanimes. Le MR brandit l’austérité comme frein à investir plus d’argent dans le secteur associatif, Défi ne semble pas conscient de la souffrance actuelle dans le monde du travail, puisqu’il ne constate « pas plus de burn out qu’au siècle dernier ». Bref, il y a encore du boulot ! Le PS quant à lui, souhaite pérenniser les associations, en passant par un décret, sur le modèle de la cohésion sociale. Ecolo se dit prêt à poursuivre le refinancement, une proposition de résolution a d’ailleurs été déposée au parlement en ce sens. Les Engagés veulent inscrire la Charte associative dans les déclarations gouvernementales. Quant à l’idée d’un observatoire des libertés associatives, évoqué en fin de journée, les politiques en présence hochent la tête, d’un air entendu.

Pour Jacques Moriau, chercheur au CREBIS et en charge de conclure cette journée, l’état des finances publiques a souvent été pointé du doigt, lors du débat, comme responsable du peu d’argent disponible pouvant être alloué au secteur associatif. Pour lui, il ne faut pas perdre de vue que les moyens financiers sont avant tout le résultat de décisions politiques, prises par ces mêmes partis politiques durant les dernières décennies. Il constate également, la volonté, très présente d’encourager le bénévolat, donc le travail gratuit, mais ressent moins d’engouement à l’idée de soutenir financièrement les salariés des structures.

Retrouvez le débat dans son intégralité :

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