Partir à la découverte du système de santé et d’aide sociale québécois, explorer les diverses formes de “multi-agrément” telles qu’elles existent à Bruxelles, interroger les forces et les limites des structures actuelles. Sortir des logiques financières traditionnelles et des logiques institutionnelles ? Le n°176 du Bruxelles Informations Sociales ouvre le débat.
Edito de la Revue BIS/2018, l’équipe du CBCS
Le constat de départ est sans appel : le paysage institutionnel de la Région offre une vision peu cohérente. “Les exemples foisonnent de législations qui s’entrechoquent, dont l’une rend difficile ou empêche dans les faits l’application de l’autre, qui complexifient les recherches de solutions aux problèmes vécus par les usagers ou qui rendent illisibles les objectifs recherchés. (…) Le manque d’intégration qui résulte de notre histoire institutionnelle complique la coordination entre les différents acteurs et donc la continuité de l’aide et du soin.” [1]Extrait du Rapport intersectoriel 2018
Au-delà des constats unanimes, “comment travailler ensemble efficacement” ?
Parce qu’il est toujours intéressant d’élargir ses horizons, le CBCS est parti à la découverte du système de santé et d’aide sociale québécois. Non pas dans l’idée de l’ériger comme un exemple à suivre, mais plutôt comme un modèle à questionner pour mieux penser la réorganisation de l’aide et du soin chez nous. [2]lire p.3 Fort de ce regard posé sur un ailleurs, le dossier vient réinterroger le contexte bruxellois et ses modes d’organisation de la première ligne d’aide et de soins, avec pour dénominateur commun, le multi-agrément. [3]Les services multi-agréés: un seul service est agréé pour plusieurs missions mais en recevant un seul mandat global sur lequel il doit rendre des comptes de façon unique. Autrement dit, le service peut organiser une offre de services différenciés, mais en gérant de façon autonome les moyens qui sont mis à sa disposition. A ce jour, un tel dispositif n’existe pas en tant que tel en Belgique, si ce n’est le Centrum Algemeen Welzijnswerk en Flandre. Ceci dit, le modèle existe, de manière “bricolée”, sous diverses formes: regroupement de services sous un même toit du type Entr’Aide des Marolles [4]lire p.22, regroupement plus récent d’associations pour mutualiser des tâches de gestion telles que l’informatique, la gestion financière, les ressources humaines, etc. [5]ASSOSS asbl, lire p.11. Ou encore l’émergence des Centres Social Santé Intégrés. [6]Médecin du Monde, lire p.15 Toutes ces formes de “multi-agrément” interrogent les forces et les limites des structures actuelles: comment permettre la circulation des personnes à travers une offre ambulatoire extrêmement morcelée ? Comment rassembler les forces de travail tout en préservant la diversité des prises en charge des populations ? Comment garantir une certaine imperméabilité entre disciplines de l’aide et du soin tout en travaillant, en transdisciplinarité ?
Pour tenter de répondre à ces questions, des professionnels du social-santé ont décidé de sortir des logiques financières traditionnelles et des logiques institutionnelles. C’est le cas du projet de Centre Social Santé Intégré de Molenbeek et de ses 4 structures partenaires. [7]lire p.25 Bien que le cadre institutionnel n’existe pas encore à ce jour, ils décident de collaborer ensemble sans être sous le même toit, quitte à mettre le pied dans la fourmilière pour faire avancer les choses… Du côté du projet BOOST (RML-B), il est question de faire lien entre des dispositifs déjà existants en créant certaines fonctions de coordination manquantes. [8]lire p.31 Et le SMES-B – notamment réseau et cellule d’appui multidisciplinaire au professionnels – se définit lui-même comme un dispositif intersectoriel qui ne rentre dans aucune case. [9]lire p.37 Serait-ce une des pistes de solution tant que les politiques actuelles, trop cloisonnées, ne favorisent pas la continuité des trajets d’aide et de soin ?
Ce numéro du “BIS…” tente d’éclairer le débat.