En écho à la publication “Hors-circuit” pour faciliter l’éclosion d’initiatives novatrices, présentation de l’ASBL ASSOSS, comme “Association Social Santé”.
C’est pour mieux résister que nous vous proposons de faire dialoguer pistes de réflexion et travail de terrain d’aide et de soin à Bruxelles. Pour que l’un résonne en l’autre, pour que l’un et l’autre s’alimentent, mais montrent aussi leurs limites, les espaces manquants entre rêve et réalité pour un travail social renouvelé. Le CBCS asbl
Pour avoir accès à la publication Hors-circuit en ligne, c’est par ici !
La proposition 3 du Laboratoire de l’intervention sociale Hors-Circuit (octobre 2017) est de «favoriser et soutenir le regroupement d’associations en vue de renforcer l’innovation sociale». C’est bien dans ce but qu’a été créée ASSOSS, en mai 2018, par une trentaine d’acteurs associatifs et d’organisations sociales et de santé. Parmi ceux-ci, Pierre Verbeeren (directeur général de Médecins du Monde), Pierre Schoemann (co-directeur du Projet Lama), Stéphane Heymans (directeur des opérations de Médecins du monde) et Eric Husson (coordinateur Bas seuil au Projet Lama). Rencontre.
Tout seul on va plus vite, ensemble, on va plus loin [1] proverbe africain
Eric Husson : «L’ambition d’ASSOSS est de permettre aux associations de se décharger des tâches de gestion pour leur permettre de se concentrer sur leurs missions de service à la population, notamment à travers la mutualisation et la gestion commune de services. Et à termes, pouvoir dégager des marges financières pour maintenir des initiatives dans des domaines comme l’aide aux migrants – le contexte actuel est là clairement un désinvestissement de l’Etat – et puis favoriser la création d’initiatives novatrices.»
Les principaux constats qui ont mené à la création d’ASSOSS : une complexité croissante des législations (marchés publics, protection des données, organisation du travail …), une augmentation des exigences des bailleurs de fonds (en matière de rapportage, de soumission des projets et d’évaluation des dispositifs…), une précarité des financements : tous ces facteurs amènent l’action associative à être de plus en plus happée par la gestion administrative et financière, au détriment des missions de base des organisations.
Cette gestion nécessite en outre des compétences de plus en plus pointues et variées, que de petites structures peuvent difficilement posséder. Elles sont dès lors amenées à externaliser différents services (gestion du personnel, comptabilité, informatique…), à un coût exorbitant et pour un service souvent peu adapté à leur réalité. Ce contexte menace à terme la diversité associative et l’éclosion de nouvelles initiatives.
On vit ici un changement de paradigme organisationnel. Pour faire court, et donc un peu caricatural, on passe du « small is beautiful » qui avait la cote dans les années 1970 à un « big is beautiful ».
Pierre Verbeeren tempère : « en Belgique, vu la taille moyenne des associations, si tu regroupes 400 associations, cela ne fera jamais que 3 000 postes de travail ! En France, avec 17 000 salariés, 495 établissements et services et 910 millions de chiffre d’affaires, le GROUPE SOS est la première entreprise sociale européenne ! »
Stéphane Heymans : «Ce qui a changé est la capacité de financement de nos structures. Il y a une tension financière de plus en plus dure à maintenir de petites structures totalement autonomes.»
Cinq groupes de travail s’attèlent à définir les contours de la future offre de service d’ASSOSS, dans les domaines de l’immobilier, de l’informatique, de la gestion des ressources humaines et de la gouvernance. D’autres verront le jour prochainement et couvriront de nouveaux champs d’action.
Les premières réalisations d’ASSOSS : avoir rendu possible la mise en place de la structure juridique adéquate pour le déploiement de TOPAZ, logiciel labellisé qui permettra une approche globale, transdisciplinaire centrée sur l’usager et le travail en équipe. Compatible e-santé, il s’agit d’une alternative Open Source aux logiciels fermés et commerciaux.
Autres réalisations : des séances d’information concernant le Règlement général sur la protection des données (RGPD), adaptées à nos secteurs, pour un prix bien inférieur à ce que l’on pouvait trouver ailleurs, grâce à un partenariat avec IDEJI ; et l’élargissement au-delà du seul secteur du planning familial qui en est l’initiateur, de l’adhésion à un service complet de secrétariat social grâce à un partenariat avec la FLCPF et l’UCM.
On l’a dit, ASSOSS vise à termes à favoriser une dynamique d’innovation sociale, en jouant le rôle d’incubateur de projets pionniers, au service de ses membres, de ses partenaires, et de leurs bénéficiaires et ce, grâce aux marges financières que devraient dégager le regroupement.
Pierre Schoemann :« L’idée est aussi de trouver les moyens pour mettre en place notre propre bureau d’études, d’avoir nos propres experts, des académiques qui défendent notre point de vue. La finalité est d’augmenter notre résilience au désinvestissement de l’Etat dans certains de nos champs d’intervention, d’une part, et la marchandisation de pans entiers des politiques sociales et de santé, de l’autre.»
Alain Willaert (CBCS ASBL), 18/07/2018
Pour contacter ASSOSS
Christophe Cocu, Président
Gaëtan De Laever, Secrétaire
Anne Defossez, Vice-Présidente
Pierre Schoemann, Vice-Président