À travers de multiples voix, Bruxelles Laïque s’interroge sur le militantisme et l’engagement politique. Avec Jacques Moriau, coordinateur du Crébis – Centre de Recherche de Bruxelles sur les Inégalités Sociales, c’est l’occasion de se pencher sur la mise en place des politiques sociales, et plus généralement, sur la façon dont une société construit la solidarité et l’émancipation. En passant par le cheminement personnel et professionnel, sont abordées les questions de l’engagement, du militantisme, du pragmatisme, de la radicalité et du réformisme. Derrière une vision plutôt pessimiste quant à la possibilité de changements structurels majeurs, est mise en avant la nécessité d’un ancrage dans un monde commun, quitte à être en désaccord.
In Casse-tête militant, Bruxelles Laïque Echos, avec 1 – FIRAS KONTAR ; 2 – JEAN-YVES PRANCHERE ; 3 – NINON BERMAN & JONAS PARDO ; 4 – CECILE HISTAS ; 5 – JACQUES MORIAU
Vous travaillez au Crébis — Centre de Recherche de Bruxelles sur les inégalités sociales —, qui est « un centre de recherche collaborative et engagée qui réunit chercheurs, intervenants et citoyens-usagers ». Qu’est-ce qui vous a mené là ?
Ce qui me tient à cœur, ce sont les politiques sociales, de façon générale. Politiques d’aide sociale, de santé. Toutes les questions liées à la façon dont on construit une société, par la question de la solidarité, de l’émancipation, etc. Donc à la fois ça m’intéresse comme projet, et puis ça m’intéresse aussi comme réalisation. Comment on y arrive ou pas ? Au Crébis, je travaille surtout sur les politiques sociales-santé de la Région, et notamment sur la réorganisation de l’offre sociale-santé sur une base territoriale. Ce n’est pas sans lien avec la capacité d’association, la justice socio-spatiale, la justice épistémique. Mon mémoire de fin d’études était basé sur Foucault et toute cette réflexion sur le gouvernement, de la capacité de s’en dégager ou de l’organiser de façon collective. Il y a aussi ces questions-là qui sont en filigrane de tout ce qui m’intéresse. Même si ici, c’est sans doute un peu moins visible.
Et donc, ce qui est important au Crébis, c’est la méthodologie basée sur la tentative de travailler de façon exclusivement collaborative, donc de faire des recherches avec les personnes concernées, que ce soient les professionnels ou des usagers, et d’être dans une construction collaborative de la recherche du début à la fin. C’est rarement possible, mais c’est un horizon, et ça renvoie directement à ce lien entre « que faire » et « comment le faire », quelle est la bonne façon de faire de la recherche, etc.