Au fil du temps, la communication à sens unique s’est imposée à nous. Les numéros de téléphone, les adresses mail ont disparu. Nous sommes entrés dans la société du noreply et des robots répondeurs. Le prix à payer est immense : déshumanisation, stress, exclusion d’une part importante de la population. N’est-il pas temps que l’Etat intervienne pour protéger les citoyens ?
Chronique – Carta Academica, le soir.be, par Michel Gevers, professeur émérite à l’UCLouvain16/03/2024 [1]Tous les samedis, « Le Soir » publie la chronique d’un ou plusieurs membres de Carta Academica.
Je téléphone à la banque ING pour savoir si ma sœur, domiciliée en Australie, peut ouvrir un compte en Belgique. Après l’inévitable « Le temps d’attente est exceptionnellement long aujourd’hui », je suis invité à aller sur le site internet où se trouve la solution à mon problème. Elle ne s’y trouve évidemment pas. Je téléphone. Un robot me dit : « décrivez votre problème ». Je dis : « je veux ouvrir un compte chez ING ». Le robot me dit qu’il a compris et il me demande mon numéro de client. J’en reste bouche bée. Demander à un futur client son numéro de client relève du surréalisme. J’attends, espérant qu’un humain finira par venir à ma rescousse. Mais c’est le robot qui revient : « le numéro de client que vous avez encodé n’est pas correct ». Je n’ai rien encodé. Le robot répète la même chose. Je raccroche.