Artcile publié dans Alter Échos n° 446 19 juin 2017, Céline Teret
Des dossiers de demande de subvention aux grilles d’évaluation, le secteur associatif croule sous le poids de la paperasse. Derrière cette surcharge administrative s’immisce une nouvelle forme de gestion publique, où règnent logique de résultats, mise en concurrence, réduction des coûts, vision à court terme. Des mécanismes gommant le sens des actions menées par les travailleurs de terrain.
De nos jours, pour obtenir des financements, une association doit rarement «juste» rendre un petit dossier bien ficelé. La plupart du temps, il lui faudra prendre connaissance d’un guide de bonnes pratiques pour remplir comme il se doit le dossier à remettre aux pouvoirs subsidiants. Il lui faudra trouver les mots justes, entrer dans les cases prévues à cet effet, biffer les mentions inutiles. Il lui faudra remplir des grilles d’évaluation, remettre des documents justificatifs. Et assortir le tout d’un rigoureux budget. Une paperasserie s’additionnant à d’autres, liées à l’aide à l’emploi notamment. Et à des recherches de subsides supplémentaires. Au besoin, l’association adaptera peut-être aussi son organisation en interne, à coups de tableaux de gestion du temps et autres outils pour mesurer, quantifier, évaluer…
Le secteur associatif doit plus que jamais rendre des comptes. Et il le fait pour des raisons louables, brandies par les pouvoirs publics: bonne gouvernance, transparence, efficacité, justification des dépenses publiques. De bonnes intentions, certes, mais aux effets énergivores, voire parfois pervers. Car aujourd’hui, plus que jamais, le secteur associatif se voit soumis à une nouvelle forme de gestion publique. Jacques Moriau, sociologue à l’Université libre de Bruxelles (ULB) et au Centre bruxellois de la coordination sociopolitique (CBCS), s’est penché sur la question: «La bureaucratisation a toujours existé, mais, depuis quelques années, elle est en pleine mutation. Le nouveau management public incite à gérer les affaires publiques sur le modèle de l’économie de marché. (Lire l’article dans son intégralité)