Une partie des personnes en grande précarité n’a pas accès aux aides qui leur sont destinées. Parce qu’elles ne les connaissent tout simplement pas. Parce qu’elles n’ont pas ou plus confiance dans les institutions. Parce qu’entreprendre les démarches d’inscription semble trop compliqué. Parce que. Parce que. La listes est décidément très longue. Trop longue, disent les autrices et auteurs de ce point de vue argumenté pour Brussels Studies. Pour eux, il faut baisser les niveaux d’exigence demandés aux bénéficiaires des services sociaux et de santé.
DE KOCK Charlotte, DEMOULIN Laurent, FORTUNIER Camille, HUSSON Eric, MOENS Kevin et RACAPÉ Judith, 2023. Repenser la première ligne de soins. In : BSI Position Papers, no 4, 03/04/2023 – Illustration : La Métamorphose. @Ghislain Joaris
Accéder aux aides demandent des compétences que ces personnes en grande précarité ne possèdent pas. Les listes d’attente sont trop longues ou encore les conditions définies par les systèmes politique et administratif ne leur y donnent pas accès… Pour les autrices et auteurs de ce BSI Position Paper, il est indispensable de renforcer les cultures institutionnelles basées sur une approche « bas seuil ». Celle-ci vise à abaisser les seuils (de confiance, d’accessibilité, de compétence, d’efficience) à partir desquels les bénéficiaires accèdent à l’aide, et plus généralement à en repenser les modes d’accès.
Extrait épinglé :
LES CONDITIONNALITÉS ET LES SEUILS
L’âge, le genre, la possession d’un titre de séjour régulier, d’une identité administrative, d’une adresse de référence ou d’une couverture médicale sont quelques exemples de conditions exigées pour obtenir certains droits et accéder à des services sociaux et de santé. Ces conditions, appelées aussi « conditionnalités », sont imposées par notre système politique et administratif, lui-même fragmenté en niveaux de compétences avec un fonctionnement en silos.
Les « seuils » constituent, quant à eux, les niveaux minimums d’exigence ou de contraintes imposés aux personnes pour qu’elles puissent bénéficier d’un droit ou d’un service. Ils dépendent principalement des politiques publiques et du fonctionnement des structures administratives ou associatives intermédiaires. La théorie des seuils constitue une base cruciale pour comprendre les enjeux de non-recours aux droits et la nécessité d’abaisser les exigences à l’accès.