Notre corps est au centre des interactions avec les autres. Parmi toutes ces interactions, l’une est particulière : celle que nous développons avec la médecine, le soin, le care, et avec les hommes et les femmes qui en font leur profession. Le dernier dossier de la revue Santé conjuguée explore les différentes dimensions touchant aux relations entre le corps des soignant·es et celui des soigné·es.
Le corps, terrain de rencontre, Santé conjuguée n°108/septembre 2024
Notre corps est le terrain de la rencontre, consentie ou non, entre patient·es et soignant·es. Sur cette scène, les rôles ne sont pas identiques et chaque partie a à composer avec ses craintes, ses compétences, sa pudeur, son dégoût aussi, parfois.
Un corps sain est un corps qui ne fait pas de bruit. A contrario, avec la maladie, ce corps se fait entendre. Avec des impacts sur la psyché du·de la patient·e et sur son identité. Pour reprendre possession de son corps, il ne suffit pas de le panser. Il faut aussi le penser et anticiper sa forme ultérieure.
Face à l’expérience de la douleur, premier motif de consultation en médecine générale, les défis thérapeutiques sont nombreux. Les ingrédients d’un accompagnement adéquat ? Un travail pluridisciplinaire ancré dans le contexte de vie des personnes, et une écoute du corps et de la parole du patient, souvent mise à mal par la prépondérance des techniques d’imagerie médicale qui font aujourd’hui office de preuve de l’existence de la douleur.
Après des années de vie en rue dans des conditions extrêmement précaires, la conscience du corps peut tendre à s’effacer. Grâce à un travail sur l’hygiène, les patient·es peuvent se reconnecter à leur corps et aux notions de bien-être et de santé.
La pudeur, le dégoût, la peur de toucher ou d’être touché… sont des sentiments qui surgissent dans les relations de soin, sur lesquels on jette souvent un voile. Les comprendre et les apprivoiser sont une occasion d’apprendre à travailler avec les affects des soignant·es comme ceux des patient·es.
En l’absence de tout contact corporel, des médecins consultent leurs patients à distance. Les téléconsultations, qui ont pris de l’ampleur depuis l’épidémie du Covid-19, présentent des avantages (accessibilité, gains de temps et d’argent) mais aussi des risques (sécurité, protection de la vie privée, fracture numérique, questions éthiques, etc.).
Les rapports de domination et de genre encore présents dans les parcours de soins et la violence qui s’y exerce parfois physiquement et moralement marquent les corps. La santé des femmes, par exemple, n’a historiquement que peu été prise en considération dans la recherche ou dans les protocoles de santé, avec pour conséquences de plus longs délais de diagnostics et de nombreuses inégalités de santé. Plus généralement, les biais sexistes, classistes ou racistes sont la source de micro-agressions banalisées et répétées contribuant elles aussi aux inégalités de santé.
Le corps est aussi social. Sans avoir d’objectifs thérapeutiques, le groupe peut avoir des effets thérapeutiques en contribuant au bien-être et à la santé mentale.
Autant de facettes examinées dans ce dossier, qui propose aussi des pistes pour mieux travailler la relation d’aide et de soin tout en interrogeant son rapport au corps. Pour en savoir plus, découvrez les différents articles.
À propos de la Fédération des maisons médicales :
La Fédération des maisons médicales et des collectifs de santé francophones, fédération majoritaire du secteur, regroupe 139 maisons médicales en Wallonie et à Bruxelles et rassemble environ 2.500 travailleurs et 300.000 patients. Les maisons médicales dispensent des soins de première ligne de qualité, accessibles, continus, globaux et intégrés, et s’adressent à l’ensemble de la population. Leur action vise une approche globale de la santé, considérée dans ses dimensions physique, psychique et sociale, et promeut un projet de société favorisant la santé pour tous.
Contact : Marinette Mormont – marinette.mormont@fmm.be