Dans le dernier numéro de la Chronique (n°200), Margaux Hallot s’interroge sur la justice réparatrice. Ce concept venu tout droit d’Amérique du Nord dans les années 70 revient sur le devant de la scène ces dernières années, porté par des critiques de l’institution pénale ou des associations d’aide aux victimes. A l’heure où les détenu·es des prisons de Forest et de Berkendael sont désormais incarcérés dans la nouvelle prison d’Haren, les réflexions autour d’autres manières de faire justice est plus que jamais d’actualité.
Un article de Margaux Hallot, chargée de communication de la Ligue des droits humains, 28/10/2022
Offrir une place différente aux victimes dans un processus judiciaire souvent long, impersonnel et éprouvant, c’est ce que propose entre autres la justice réparatrice. Parfois appelée aussi justice « restaurative » ou « restauratrice », ce courant s’inspire de pratiques autochtones, amène à repenser autrement notre système pénal et de l’idée que l’on se fait de la justice.
Il existe de nombreuses définitions de la justice réparatrice, car elle est davantage un regard et une vision qu’une théorie. Dans la justice pénale, on tente de répondre à trois questions. Qui a commis quelle infraction ? Quelle loi est concernée ? Quelle peine faut-il infliger ? Les habitudes ont la vie dure et sortir de ce modèle implique une réelle réflexion et surtout une déconstruction de schémas de pensées inscrits dans notre histoire et dans nos mœurs. Infliger une peine de prison n’est pourtant pas la garantie d’enlever la souffrance vécue par les victimes et conduit bien souvent les auteurs·rices vers la récidive. Dans la justice pénale, l’auteur·rice a un rôle passif dans son procès, iel est spectateur·rice.
Tout comme la victime, aussi spectatrice, qui se sent souvent abandonnée
et négligée durant la procédure.
Dès lors, peut-on imaginer d’autres modèles ? Il n’y a pas de réponse prédéfinie tellement le sujet est délicat. Dans un monde idéal, il faudrait pouvoir repenser une justice qui prend son temps. Un temps pour que la communauté puisse s’impliquer et trouver des solutions qui apaiseraient les victimes et leur offrirait un rôle plus actif dans les procédures , sans exclure non plus les auteurs·rices des faits.
Faut-il vraiment un·e gagnant·e et un·e perdant·e ? Il ne s’agit pas de punir l’auteur·rice pour réparer le dommage de la victime, mais d’inclure l’auteur·rice et la victime, et également d’impliquer la société dans ce processus. Partant du constat que ce sont d’abord les relations humaines qui sont affectées, la justice réparatrice pose alors les questions de savoir comment soulager les victimes et comment retrouver une forme d’apaisement social.