Evaluer le secteur culturel et créatif

Ébauche d’un instrument de mesure pour la métropole bruxelloise Brussels Studies n°79, 8 septembre 2014. ISSN 2031-0293

Au cours de la dernière décennie, l’intérêt des autorités publiques pour le Secteur Culturel et Créatif (SCC) a fortement augmenté. Mentionnée régulièrement dans les accords de gouvernement ou le projet de Plan Régional de Développement Durable (PRDD), cette « économie créative » serait un des nouveaux moteurs de la dynamique régionale. Dans son acception actuelle, le Secteur Culturel et Créatif comprend les beaux-arts, les arts de la scène, le patrimoine culturel, le secteur audiovisuel, le « gaming » (jeux vidéo), les médias papier — livres, presse quotidienne et périodique —, la musique, l’architecture, le design, la publicité et la communication. Selon ses défenseurs, ce secteur, bien présent à Bruxelles, génèrerait au-delà de l’activité économique et de l’emploi, un climat favorable à la reconnaissance de la richesse et de la diversité culturelle. À côté de ce pouvoir de cohésion et d’inclusion, les responsables politiques soulignent aussi l’action stimulatrice de l’organisation d’événements culturels orientés vers la participation des citoyens et les échanges sociaux. Selon les autorités régionales bruxelloises, les activités culturelles et créatives contribuent de manière appréciable à la visibilité (inter)nationale et au rayonnement de la Région, ce qui favorise le tourisme et stimule l’emploi dans ce secteur. Ce double statut, lien social et moteur économique, se retrouve d’ailleurs dans certaines publications politiques de la Communauté française, de la Communauté flamande, de la Commission communautaire flamande (VGC) et de la Commission communautaire française (COCOF). Mais si le Secteur Culturel et Créatif est à la mode et apparaît comme une réelle opportunité de développement pour Bruxelles, force est de constater qu’il encore très mal cerné, notamment sur le plan statistique. Le numéro 79 de Brussels Studies souligne tout d’abord, en s’appuyant sur une impressionnante bibliographie, le caractère institutionnellement et sectoriellement fragmenté des études sur le sujet. Dépassant ce constat, l’équipe du département Research & Development de la Vrije Universiteit Brussel (VUB) propose un cadre théorique pour le monitoring de ces activités à Bruxelles. Brigitte Martens, Jelena Dobbels, Lucy Amez et Walter Ysebaert suggèrent de dépasser le collationnement d’indicateurs pour aller vers une approche plus globale, articulant un système de « compte satellite » avec des éléments permettant d’évaluer l’environnement et le potentiel créatifs. Le compte satellite est un cadre de présentation de l’économie d’un domaine particulier, ne correspondant pas exactement à une des subdivisions habituellement utilisées par les nomenclatures économiques « classiques », généralement fondées sur les produits ou les services vendus. Il est développé pour des domaines recoupant de nombreux secteurs de l’économie, par exemple le tourisme (musées, horeca, transports…) ou l’économie sociale (qui se distingue par la manière d’exercer l’activité plutôt que par l’activité elle-même). Le caractère plus ou moins créatif de nombreux secteurs (toutes les entreprises informatiques ne créent pas des logiciels…) et la logique de filière et d’interaction justifient pleinement l’utilisation de cet outil pour évaluer le Secteur Créatif et Culturel à Bruxelles. Mais, pour être réellement utilisable dans un cadre de décision et d’évaluation des politiques publiques, l’outil doit aussi mettre en lumière le secteur créatif lui-même et aussi — et peut-être surtout — les conditions nécessaires à son bon fonctionnement, ainsi que ses impacts sur la société bruxelloise. En cela, la proposition de l’équipe de la VUB se veut dans la lignée des approches les plus récentes, dépassant la simple vision économique pour aller vers une approche plus globale, valorisant le capital humain et les infrastructures culturelles existantes tout en ne niant pas les éventuels inconvénients des politiques de stimulation des « classes créatives » chères à Richard Florida ou les effets de mode des « creativity rankings ». Accéder directement à cette publication Pour plus d’informations, veuillez contacter : Walter Ysebaert, +32 (0)478 37 68 43, walter.ysebaert@vub.ac.be www.brusselsstudies.be

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