La crise sanitaire se surperpose à des inégalités extrêmement prégnantes, et si on n’y prend pas garde, celles-ci risquent de se renforcer comme le craint Christine Mahy, secrétaire générale du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté. Interview. Par Pierre Jassogne, Alter Echos, 09/04/2020.
Christine Mahy : Cette crise sanitaire a nécessité toute une série de mesures vis-à-vis de la totalité de la population, comme si les populations avaient un mode de vie uniforme. On peut comprendre que les mesures sanitaires s’appliquent à tous, sauf que celles-ci arrivent sur une crise sociale longue de plusieurs années, crise qui a affaibli toute une partie de la population dans notre société. On pense évidemment aux sans-abris, aux migrants, aux personnes en situation de pauvreté financière, de mal logement, aux bénéficiaires du revenu d’intégration sociale ou aux demandeurs d’emploi… Mais cette crise a affaibli aussi les personnes au travail depuis plusieurs années, avec un affaiblissement progressif de la protection des travailleurs, une déstructuration du contrat de travail… Avec cette crise du coronavirus, on découvre ainsi à quel point tous les services sociaux sont des services paratonnerres par rapport à la pauvreté, des services qui permettent à la société de tenir malgré des inégalités fortes. Comme ceux-ci sont à l’arrêt, parce que des bénévoles sont malades ou peu nombreux à cause du covid-19, on se rend compte que cette épidémie est le révélateur de la crise sociale dans laquelle on se trouve depuis plusieurs années. Il faut être soit sourd, ou aveugle, pour ne pas voir que la vulnérabilité est intense dans notre pays. Et même, face à la maladie, même s’il y a une espèce d’égalité en termes de possible contamination, les inégalités se confirment : la contamination sera plus accablante pour quelqu’un qui est extrêmement faible, qui vit dans la pauvreté, qui a une santé fragile…
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