L’Espace 51 fait partie des 20 “lieux de lien” à Bruxelles. Ici, pas de conditions d’accès, pas de logique de soin médicalisé, mais un accueil inconditionnel, de proximité, où se croisent des personnes vivant avec des souffrances psychiques, en recherche de lien social. La preuve de leur utilité n’est plus à faire. L’Espace 51 est pourtant menacé de fermeture, faute de subsides et de gouvernement de plein exercice. Sous la bannière du poulpe, c’est l’entrée en résistance, en solidarité.
« Sans l’Espace 51, je serais à nouveau à l’hôpital »
Dans la vidéo “L’Espace 51 à Bruxelles – lieu de lien à sauver”(septembre 2025), à la question, “Que ferais-tu s’il n’y avait pas d’Espace 51 ?”, les réponses sont sans détour : ‘Je serais de nouveau en hôpital psychiatrique’, ‘Je serais très perdue’.
Ce que ces lieux évitent est évident : hospitalisations coûteuses, isolements, ruptures familiales et professionnelles. Reconduire leurs subsides coûterait infiniment moins cher à la collectivité que de laisser les personnes retomber dans des spirales de souffrance.
Toute la folie du monde est dans mon cerveau. Mais ici, je me sens utile. (…) C’est tellement important que ce type de lieu continue d’exister. C’est important pour nous, mais pas que pour nous. C’est important pour la société qui fabrique finalement des malades.
Même si l’appellation commune “Lieux de lien” s’est dessinée au moment de la crise sanitaire, ces lieux dits « à bas seuil » n’ont pas attendu le Covid pour exister. Ils prolongent une histoire bruxelloise faite d’antipsychiatrie, d’éducation populaire, de thérapie institutionnelle et de projets communautaires. De ces croisements sont nés clubs thérapeutiques, maisons de quartier, AMO, foyers, espaces de culture et de soin partagés. L’Espace 51, au 51 rue Thiéfry à Schaerbeek,est l’héritier de ces mouvements qui cherchent depuis longtemps à décloisonner les mondes du soin, du social et de la culture. Pensé comme un lieu de transversalité, il est porté par La Gerbe SSM et L’Heure Atelier asbl, mais surtout par les citoyen·nes qui le fréquentent et qui l’ont façonné de l’intérieur. On y invente un autre rapport à la société : on y entre non comme patient·e ou « cas social », mais comme acteur·rice d’un projet commun. (Jeter un oeil à l’abécédaire des Lieux de lien qui reflète la diversité et la cogestion citoyenne)
Quand la politique tarde, le terrain s’épuise
Les « lieux de lien » ont été officialisés en réseau après le Plan de Relance post-Covid, un guide a été diffusé pour faciliter la circulation d’un lieu à l’autre, en renforcer encore le métissage et le maillage. Mais leur définition transversale — entre santé mentale, culture, cohésion sociale, éducation permanente — fait encore obstacle au soutien politique, chaque ministère restant enfermé dans ses cases, ses publics cibles, ses missions étroites.
Résultat : aucune sécurisation de leur avenir. En 2024, un décret santé mentale communautaire pour les lieux de lien devait être voté à la Cocom. La législature a pris fin sans aboutir. Aujourd’hui, les associations demandent la reprise urgente de ce chantier et la mise en place d’accords interministériels (santé-culture, santé-cohésion sociale, santé-éducation permanente, etc.) En savoir plus sur le site de l’Espace 51
Le Poulpe, image d’un secteur en lutte
Ces lieux sont considérés comme des exemples concrets de stratégies de désinstitutionnalisation à l’échelle locale. Dans plusieurs travaux européens de santé mentale communautaire, ils sont cités comme des relais de proximité efficaces.
Qu’entend-on par “désinstitutionnalisation psychiatrique” ? Il s’agit d’un mouvement qui vise à réduire le recours aux hôpitaux psychiatriques comme solution principale et à développer des alternatives dans la communauté. Concrètement, cela veut dire privilégier des lieux de proximité, ouverts et inclusifs, qui permettent aux personnes de vivre chez elles tout en trouvant du soutien social et psychologique. La désinstitutionnalisation ne supprime pas les soins spécialisés, mais cherche à les compléter par des dispositifs citoyens qui favorisent l’autonomie et l’inclusion.
A Bruxelles, les lieux de lien sont pourtant au bord de l’asphyxie.
L’Espace 51 illustre un modèle de réponse sociale et sanitaire qui ne repose pas exclusivement sur le soin médicalisé, mais sur l’accueil citoyen, la co-création, la prévention psychosociale, et le maillage de proximité. Son existence est aujourd’hui menacée, non pas par un manque d’utilité ou de pertinence du modèle, mais par une absence de financement stable dans un contexte institutionnel fragmenté.
Le Poulpe : métaphore d’une mobilisation collective
Le symbole du Poulpe a été adopté pour représenter la mobilisation en cours du secteur social-santé : un réseau tentaculaire, souple et solidaire, capable de se coordonner malgré la diversité des statuts et des missions. Cette mobilisation prend forme à Bruxelles par diverses actions de défense des lieux de lien — dont l’Espace 51 — et par des appels à des politiques publiques de santé mentale plus intégrées, tenant compte de l’entrée par le lien social, l’autonomie citoyenne et la proximité, au-delà d’une logique purement hospitalière ou psychiatrique.
Soutenir l’Espace 51 et ses semblables, ce n’est pas seulement sauver un lieu, c’est défendre une vision de société qui tente de maintenir à flot ce que l’État abandonne : le partage plutôt que l’isolement, la prévention plutôt que la casse.
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