Un désert. Voilà qui pourrait résumer la problématique des soins en santé mentale pour les femmes en prison, qui composent 4 à 5 % des personnes détenues. Pourtant, les besoins ne manquent pas. Et pour répondre aux problèmes rencontrés spécifiquement par les femmes, une approche genrée de la santé est plus que nécessaire.
Par Manon Legrand dans Axelle Magazine n°262 / p. 24-25 • Janvier-mars 2025
En matière de santé en prison, c’est difficile pour tout le monde, mais ça l’est encore plus pour les femmes. » Voilà comment la situation est résumée par Marion Guémas, coordinatrice de recherche et de plaidoyer au sein d’I.Care. Cette association créée en 2015 travaille sur l’accès aux soins et à la promotion des soins de santé en milieu carcéral.
Depuis des années, les soins de santé en prison sont montrés du doigt. En 2022, le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains et dégradants (CPT) soulignait que « pour ce qui est des services de santé dans les prisons visitées (Anvers, Lantin et Saint-Gilles), les dotations et les temps de présence du personnel soignant étaient clairement insuffisants ».
Des troubles importants
Les besoins sont pourtant nombreux. Les troubles de santé mentale sont davantage présents dans la population carcérale qu’ailleurs. Cela s’explique par le fait que les personnes en prison ont souvent connu un parcours émaillé de multiples difficultés, qui ont déjà pu affecter leur santé avant leur incarcération. Et l’enfermement vient aggraver cette détresse.