Parcours d’accueil, parcours d’intégration, Alter Échos fait le point dans son N°413 – novembre 2015.
“Investir dans le social, c’est aussi investir dans notre sécurité” rappelle Sandrine Warsztacki dans L’Edito.
Sursaut
Editorial par Sandrine Warsztacki
Sur la route vers les bureaux d’Alter, ce matin, beaucoup de bleu et de kaki. Depuis la tuerie dans le Musée juif et l’attentat contre Charlie hebdo, j’avais presque fini par m’habituer à croiser des hommes armés sur le trajet qui me fait traverser la ville pour rejoindre Saint-Gilles. Comme la valse des hélicos dans le quartier européen, les militaires postés devant la synagogue ou en face du palais de justice ont fini par faire partie du paysage bruxellois.
Une ambulance traverse la place Royale sirène hurlante. Un bruit sourd retentit. Indéfini. Inoffensif. Sur le trottoir, un groupe de filles sursaute en poussant des cris de souris. Je ne peux empêcher mes mains de se crisper une fraction de seconde sur les freins de mon vélo. Est-ce qu’on s’habitue à ça aussi?
Vingt minutes et une tasse de café chaud plus tard, assise devant mon ordinateur, je passe en revue le chemin de fer du prochain numéro d’Alter Échos, comme on désigne dans le jargon journalistique l’esquisse de pagination d’un magazine en cours de préparation. Au sommaire, un article d’analyse sur la mise en œuvre des parcours d’intégration, une carte blanche sur la déconstruction des préjugés et la couverture d’un colloque organisé par la Cocof en octobre sur la cohésion sociale… à Paris!
Investir dans le social, c’est aussi investir dans notre sécurité.
Quelle réponse donner aujourd’hui face à la terreur que nous inspire le radicalisme? Jan Jambon préconise de «nettoyer Molenbeek», Bart De Wever, de supprimer le Sénat pour allouer son budget à la sécurité… D’autres voies, heureusement, ont pu aussi se faire entendre pour rappeler que la peur est mauvaise conseillère et qu’investir dans le social, c’est aussi investir dans notre sécurité. «Ce vendredi 13 n’est pas annonciateur d’apocalypses, nous écrivent des acteurs du secteur jeunesse, dans une carte blanche. Au-delà de la folie barbare et de la haine, c’est un signal d’alarme, un de plus. Nous devons en tenir compte et y réagir si nous voulons ne pas vivre, demain, dans le conflit permanent. Aussi, nous en appelons aux gouvernants: il est nécessaire de proposer un contrat social et une société plus juste valorisant un vivre-ensemble fondé sur davantage d’équilibre, de cohésion, de débats démocratiques et de solidarité.»
Avec, entre autres, au sommaire de ce numéro
Primo-arrivants : où t’es, Bapaoutai?
Sortir de prison, pas si facile
La promotion de la santé à l’épreuve de la régionalisation