Volontariat, envers et contre tout ?

En 2019, le secteur de l’action sociale à Bruxelles mobilisait plus de 11 000 volontaires, soit 18 % de l’ensemble des volontaires actif·ves dans la Région. C’est ce qu’on découvre dans la recherche collaborative “Volontariat en action sociale : un engagement sans condition ?”(Plateforme Francophone du Volontariat/Crebis) Derrière l’élan de solidarité qu’il représente, une réalité plus complexe se dessine : pression croissante, manque de reconnaissance, risques d’épuisement… Autant de défis qui mettent en péril la pérennité de ces engagements pourtant essentiels et qui questionnent plus largement la place et le rôle du travail social salarié.

Accès à la synthèse de la recherche « Volontariat en action sociale : un engagement sans condition ? »

Une recherche collaborative, pourquoi ?

En 2024, la Plateforme Francophone du Volontariat fait appel au Crebis (Centre de recherche de Bruxelles sur les inégalités sociales) pour mener une recherche collaborative sur le volontariat en action sociale, avec pour focale les bénévoles qui agissent directement sur le terrain. Mais c’est quoi, au juste, ce terme « collaboratif » accolé à la recherche ? « Notre processus de recherche met trois savoirs physiquement autour d’une table », éclaire Manon Guibreteau, chercheuse Crebis, « des personnes directement concernées par la thématique ou savoir expérientiel, des travailleurs de terrain ou savoir professionnel et nous, chercheurs, pour le savoir théorique ». Un principe clé guide le travail : une égale légitimité de ces trois formes de savoirs et une non-hiérarchisation.
Un groupe de recherche composé de volontaires et de de travailleurs en contact avec des bénévoles qui agissent sur le terrain a été constitué, tous issus du secteur de l’action sociale bruxellois. On les appelle les co-chercheurs. Au total, c’est une quinzaine de participant.es qui ont permis le dialogue entre leurs différents savoirs. Ils ont contribué à dépasser le stade de la récolte de témoignages individuels pour créer des connaissances plus riches et plus robustes. « Cette méthodologie de travail collective génère plus de travail, d’incertitudes et de flou », admet Matthias Rosenzweig, chercheur Crebis, « mais ça montre que la collaboration est possible !

Cette méthodologie de travail collective génère plus de travail, d’incertitudes et de flou, mais ça montre que la collaboration est possible !

– Matthias Rosenzweig, chercheur Crebis

“On croise les interprétations, on les valide, on les retravaille collectivement”, poursuit le chercheur. Marc, co-chercheur et bénévole en transport social (mobitwin) souligne d’ailleurs la qualité du travail d’organisation et d’animation déployé autour de cette réflexion collective qui, pour lui, relève d’un « réel besoin » pour nourrir son expérience de bénévole. Isabelle, une autre co-chercheuse, y a trouvé un moyen de « briser la solitude en tant que responsable de bénévoles dans les soins palliatifs » (Continuing Care) et d’amener, par la suite, son équipe vers de la réflexion. Carine, responsable de bénévoles pour un service d’écoute par téléphone (Télé-accueil Bruxelles), retient « le partage d’expériences dans un processus de recherche dynamique et ludique ».

Suite à la mise en débat autour des résultats de la recherche, une nouvelle question émerge de la matinée d’échanges entre professionnel·les de l’action sociale, volontaires, chercheurs et co-chercheurs : quelles sont les complémentarités entre travailleurs sociaux et bénévoles dans un contexte où certaines questions sociales semblent désinvesties par l’Etat ? Cette question fera l’objet de l’une de nos publications à venir.