Toxicomanies… et si on en parlait

En une trentaine d’années, la prise en charge de la toxicomanie a beaucoup évolué. De nouvelles approches et un nouveau regard sur l’usager se sont développés, remettant notamment en question l’objectif de l’abstinence à tout prix. Des freins, des obstacles, demeurent cependant… N°98 de la revue L’Observatoire.


Au cours des trois dernières décennies, l’objectif de l’abstinence à tout prix a laissé peu à peu place à des approches thérapeutiques (en centres ambulatoire, de court séjour, de cure, de post- cure, etc.) qui, tout en continuant à viser l’arrêt de la consommation, ont fait preuve de plus de souplesse et de tolérance. Elles ont davantage travaillé avec ce symptôme qu’est l’usage du produit, qui demande à être décrypté plutôt que sanctionné et stigmatisé. On ne sort pas du jour au lendemain d’une addiction bien installée, c’est un long chemin fait d’allers-retours, d’obstacles, de pièges…

Mais, en parallèle, se sont également développées des approches mettant entre parenthèses cet idéal d’abstinence afin d’atteindre les usagers les plus désaffiliés, pas prêts à renoncer à leur consommation et souvent les plus impactés par les effets délétères de celle-ci. On a vu ainsi éclore ici et là des services d’accompagnement psycho-médico-social à « bas seuil » d’accès et, de façon plus pragmatique encore, des actions visant la réduction des risques socio-sanitaires découlant de l’usage. Des initiatives qui, pour accrocher et maintenir le lien avec ces usagers peu ou pas demandeurs, et assurer la continuité de leur suivi, ont dû particulièrement mettre l’accent sur le travail en réseau. La première salle de consommation à moindre risque du pays, créée à Liège il y a peu, est le dernier né de cette évolution.

Parfois complémentaires, parfois en tension, ces deux tendances se rejoignent en tous les cas dans le changement de regard qu’elles portent sur l’usager de drogues. Tentant de le sortir de l’ombre, de l’opprobre ou du discours moralisateur qui cautionne l’indifférence et l’exclusion – « après tout, c’est son choix ! » -, elles travaillent à lui rendre sa part de dignité, de citoyenneté, de responsabi- lité envers lui-même et envers les autres.

Pourtant, en décalage avec ces évolutions, la criminalisation de la consommation des drogues étiquetées « illégales » demeure la règle. Cette logique prohibitionniste et punitive, basée sur une loi vieille de bientôt un siècle, s’avère contre-productive aussi bien pour les usagers des substances concernées que pour la collectivité. Elle repose en outre sur une distinction entre drogues légales et drogues illégales qui crée de la confusion et n’empêche pas les ravages, que l’on pense à toutes les nou- velles addictions (parfois sans produits !), et plus encore au tabac et à l’alcool dont les coûts sociaux directs et indirects sont sans commune mesure. La sortie de ce paradigme va nécessiter une bonne dose d’innovation, de courage, d’audace politiques…

Pour accéder au sommaire.

A Lire sur le site du CBCS, à ce sujet :

« Transit : un accompagnement « sur ressort »
Focus sur le travail de Transit, structure d’accueil à bas seuil d’accès, spécialisée dans la prise en charge des personnes souffrant d’assuétudes aux stupéfiants, à l’alcool ou aux médicaments.

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