Tous les samedis, « Le Soir » publie la chronique d’un ou plusieurs membres de Carta Academica. Cette semaine : en Belgique comme ailleurs, les taux de récidive après la sortie de prison restent préoccupants. Pourquoi la prison ne remplit-elle pas son rôle de réhabilitation ? Des études scientifiques ont identifié plusieurs conséquences négatives de l’incarcération : l’augmentation des troubles mentaux, l’adhésion à une culture déviante, l’exclusion sociale, et la déshumanisation.
Chronique – Carta Academica, Par Emilie Caspar, professeure de psychologie et de neuroscience à l’Université de Gand, membre du Collegium de l’Académie Royale de Belgique.
En Belgique, la prison a plusieurs missions, qui vont de la punition à la réinsertion. Elle a pour but de punir un individu pour ses méfaits, de dissuader les délinquants potentiels, mais aussi de protéger la société et les citoyens. Mais la prison représente essentiellement une mesure provisoire, pouvant s’étendre de quelques mois à plusieurs décennies. Tout un chacun a un « droit à l’espoir » et à la perspective d’une libération. La Cour européenne des droits de l’homme a en effet reconnu que le caractère incompressible d’une peine de privation de liberté à perpétuité fait partie des traitements inhumains ou dégradants (Art. 3 de la Convention européenne des droits de l’homme). Cela implique donc qu’en grande majorité, les personnes incarcérées seront libérées un jour. La prison s’est donc également vue attribuer un quatrième rôle : celui de la réinsertion.
Pourtant, dans de très nombreux pays, le taux de récidive est extrêmement élevé. Et la Belgique ne fait malheureusement pas exception à la règle avec une moyenne de 60 %. Pourquoi la prison n’a-t-elle pas l’effet escompté ? Une partie de la réponse se trouve dans les recherches scientifiques ayant mis en évidence les impacts négatifs de la prison sur le psychologique et la réinsertion sociale.