« La vie à venir »

Un film de Claudio Capanna, produit par STENOLA PRODUCTIONS, 2016.


Les jumeaux Eden et Léandro sont nés grands prématurés. Hors du ventre de Laurence, ils se retrouvent précipités dans un monde hospitalier hostile et inquiétant, fait de bruits de machines et de médecins en blouse blanche. Au fil des semaines au service de néonatologie, la mère et les enfants luttent pour leur survie. Hémorragies, problèmes respiratoires: entourée de l’équipe médicale, Laurence vit au rythme des jumeaux, entre espoirs d’amélioration, fatigue, déception et peur de la mort. Le lien qui les unit est organique, vital. Ensemble, ils livrent un combat acharné pour la vie.

la-vie-a-venir-800x600.jpgOn entre dans ce film comme on entre dans la vie : les premières images sont flottantes, irréelles, poétiques. Le spectateur se retrouve comme en immersion à l’intérieur d’un cocon aquatique pour être aussitôt propulsé vers le monde. Le son d’abord sourd, étouffé devient soudain strident. Ce sont les premiers cris de petites souris écarlates, saisies d’être là, d’être nées. Tout au long du film, forces et fragilités se côtoient.

Le réalisateur, Claudio Capanna, né lui-même prématuré de quelques semaines, en février 1980, revient sur ces 2 notions inséparables :

« Les pièces du service sont des lieux mystérieux, elles semblent se trouver dans le territoire d’une fable. Les couveuses ressemblent à des petits vaisseaux spatiaux construits pour transporter dans le temps et l’espace de petites créatures encore en gestation. En me penchant sur l’un des prématurés, la vision d’une séquence d’un film qui a bouleversé ma vie me revient : dans “La Ballade de Bruno” de Werner Herzog, un médecin démontre au protagoniste du film comment un enfant prématuré possède déjà des réflexes de survie étonnants et innés malgré son évidente fragilité. Le médecin attrape les mains du nourrisson et le soulève. Le prématuré s’accroche alors aux doigts du médecin et reste suspendu dans le vide, se tenant par la seule force de ses minuscules bras pour ne pas tomber. J’ai compris précisément à cet instant ce que je cherchais à filmer : le réflexe de survie originel inhérent à tout être humain quelque que soit le contexte ou la situation où il se trouve ; filmer la puissance fascinante et mystérieuse qui s’en dégage. « 

la-vie-a-venir-pic3.jpgAu-delà de ce regard poétique et singulier – le réalisateur se place régulièrement du point de vue de l’enfant prématuré en caméra subjective – l’intérêt du film réside dans cette plongée au coeur d’un service de néonatologie, en l’occurrence à l’hôpital Erasme, à Bruxelles. Il permet de rendre compte des soins de plus en plus techniques et individualisés réalisés sur les bébés, en présence des parents. Si cette évolution est bien entendu, pour une part, positive – « Dans les années 80, à l’époque de ma naissance, les services hospitaliers pour les enfants prématurés étaient des lieux complètement cachés du reste du monde, rappelle le réalisateur. Mais au cours des dernières décennies, les services de néonatalogie se sont progressivement ouverts au monde extérieur, grâce à de nouvelles techniques médicales qui prévoient la participation constante des parents aux soins des enfants. » – cet avancement induit, d’autre part, de nouvelles formes de difficultés pour les proches :
où trouver sa place entre technicité des soins et nécessité de contact avec son bébé ? Comment construire un lien de proximité et de confiance avec lui face à l’angoisse de la mort, la fragilité de ce début de vie ? Comment se retrouver soi en étant 24h sur 24h présent dans cet univers hospitalier situé comme hors du monde, dans un temps suspendu ? Comment intégrer la fratrie à cette histoire ? Jusqu’où tenir ? Où déposer ? Peut-on se permettre de craquer ?…

Toutes ces questions apparaissent en filigrane à travers le regard des parents d’Eden et de Léandro et de leur grand frère Gabriel. Précieux témoignage qui pourrait sans doute faire écho chez de nombreux parents ayant vécu cette expérience de prématurité (1). Reste à voir si le film peut « parler » à un public qui n’aurait jamais été en lien, d’une manière ou d’une autre, avec cette question. C’est sans doute ici que se dessine la limite du genre « documentaire », au contraire de la fiction pure et simple qui peut embarquer le spectateur où bon lui semble.

Le site du film

https://streamingmoviesright.com/fr/film/la-vie-venir/

S. Dev., CBCS asbl, 18/11/2016

(1) Pour toute info sur la possibilité de diffuser le film dans le cadre de votre action associative :

Bah Voyons! asbl
Anne Kennes
+ 32 4 86 24 34 00
anne.bahvoyons@gmail.com
Séverine Konder
+ 32 4 85 21 73 27
severine.bahvoyons@gmail.com

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