« Qu’est-ce que c’est qu’un monde qui vit alors que les réponses évidentes se sont évaporées ? ». Cette phrase, prononcée par Isabelle Stengers, philosophe belge (voir la vidéo ici), résume bien le questionnement à l’origine de cet appel à témoignages proposé par l’Atelier des droits sociaux.
Si la précarité des plus vulnérables et la violence qui l’accompagne ne datent pas d’hier, notre système parvenait encore à maintenir l’illusion de l’opulence et de l’existence d’un Etat de droit fort et accessible à tous. La crise sanitaire, par son importance mais aussi par l’incapacité du politique à en mesurer l’impact social, a fait voler en éclat ce vernis déjà bien abîmé.
La précarité de nombreux emplois, particulièrement dans les métiers du care, la nécessité du travail au noir pour un grand nombre de citoyens, la faiblesse des ressources octroyées aux plus précaires, l’insalubrité et l’exiguïté d’un grand nombre de logements et l’explosion des troubles de la santé mentale ne peuvent désormais plus être ignorés.
Pourtant, ces sujets restent encore trop peu abordés, le traitement de la crise se focalisant sur le constat anxiogène de la dangerosité du virus. Il nous semblait donc fondamental de faire entendre ces réalités. Et qui mieux que le secteur de l’associatif, est capable de s’en faire la chambre d’écho ?
Aujourd’hui, à l’heure où l’épidémie est en recrudescence, l’Atelier des droits sociaux croit important, plus que jamais, de rester vigilants, partager nos expériences, créer du lien entre nos associations pour diagnostiquer très précisément les failles de notre système social et de santé. Mais pour être davantage encore les acteurs des changements que cette crise impose, il faut se faire entendre des responsables politiques.
C’est pour toutes ces raisons qu’après avoir réalisé une série d’interviews sur les conséquences sociales et sanitaires de la gestion de la crise (interviews à voir par ici), nous avons orienté la suite de notre projet sur les moyens de faire entendre le monde associatif. Un questionnaire disponible ici nous permettra de recueillir le diagnostic du plus grand nombre possible d’acteurs de terrain, que nous synthétiserons et transmettrons aux députés du parlement. Cette première étape sera suivie par un webinaire le 15 décembre après-midi qui offrira à six représentants de l’associatif l’occasion de soumettre leur diagnostic et leurs revendications à des députés de la Commission des affaires sociales et de la santé.
Le projet, en résumé
Cet appel à tout le réseau associatif bruxellois s’inscrit dans un projet soutenu par la COCOF et dont les différentes étapes sont :
1. Des interviews d’experts (capsules vidéo) : l’analyse critique de sept « experts » issus de disciplines différentes sur le confinement, la gestion du déconfinement et les perspectives d’avenir. A travers la problématique spécifique de la crise sanitaire, elles invitent à penser notre système socio-économique et les conséquences de celui-ci sur l’état de notre société, de notre démocratie et de notre environnement.
2. Des témoignages de travailleurs de première ligne (capsules vidéo) : des propos recueillis auprès d’acteurs de terrain pour mettre en lumière les réalités des catégories oubliées de notre population bruxelloise et faire un diagnostic de la précarité des moyens dont dispose notre tissu associatif.
3. Un questionnaire à destination des secteurs associatifs de la santé et du social dont les réponses seront synthétisées et transmises au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale.
4. Un webinaire le 15 décembre avec des représentants des associations et des députés : avec la présence du ministre Alain Maron et comme animateur le journaliste Eddy Caekelberghs. Horaires encore à préciser !
Naïm Kharraz, gestionnaire de projets et conseiller juridique à l’Atelier des droits sociaux
Pour visionner les interviews déjà réalisées et vous nourrir des réflexions des intervenants, c’est ici !