Crise énergétique : où en est-on à Bruxelles ?

La crise du Covid-19 couplée à la guerre en Ukraine a provoqué une hausse des prix de l’énergie sans précédent, nous laissant dans l’incertitude pour le futur, en particulier pour les populations les plus fragilisées. Selon Brugel, le régulateur bruxellois, les factures ont grimpé de 195,7% entre novembre 2017 et novembre 2022.

Par Adeline Thollot, CBCS, janvier 2023

Afin de mieux comprendre les enjeux autour de l’augmentation des prix de l’énergie, la Fébul a fait appel au Service Social Énergie de la FDSS, pour une formation. Un article publié sur leur site reprend les différentes causes de l’augmentation du prix du gaz et de l’électricité. Nous pouvons citer la reprise économique post-covid, l’approvisionnement stratégique des pays asiatiques, les enjeux géopolitiques et l’invasion russe de l’Ukraine, ou encore l’augmentation du prix des droits d’émission du CO2.

A cela, s’ajoute le fait que le prix de l’électricité dépend de celui du gaz. Comme expliqué dans l’article, « puisque le prix du gaz est actuellement extrêmement élevé, les centrales vendent leur électricité plus chère qu’à l’accoutumée et en découlent donc des surprofits énormes, qui démontrent les limites de ce marché européen de gros dans un contexte de crise telle que celle que nous vivons aujourd’hui« .

Face à cette explosion des prix, de nombreuses personnes se trouvent dans l’incapacité de payer leur facture d’énergie en Région de Bruxelles-Capitale. Certaines peuvent toutefois bénéficier du :

  • tarif social classique, accessible à toute personne qui achète de l’énergie pour sa propre consommation, destinée à un usage domestique, et qui bénéficie d’allocations du Service fédéral des pensions, du CPAS, ou qui présente un handicap.
  • tarif social étendu, en vigueur depuis le 1er février 2021 et le restera jusqu’au 31 mars 2023. Il concerne les personnes qui disposent du statut BIM (Bénéficiaire de l’Intervention Majorée).

A cela s’ajoutent différentes aides, comme la nouvelle prime fédérale, le chèque mazout, la baisse de la TVA, répertoriées par la FDSS, sur un site internet : aides-energie.brussels.

Cependant, comme le dénonce un collectif de signataires dans une carte blanche publiée dans le journal Le Soir, ces mesures ne concernent pas tout le monde. C’est le cas notamment, des personnes qui vivent dans des immeubles à appartements (ou copropriétés). Elles n’y ont pas toujours droit parce qu’elles partagent une chaudière commune et que les contrats d’énergie ne sont pas à leur nom. Résultat : les prix explosent, mais les ménages les plus précarisés de ces logements ne sont pas protégés. Les signataires s’inquiètent de ce qui pourrait se passer en cas de factures impayées par les locataires. Les conséquences sur le plan social risquent d’être lourdes voire désastreuses : entrée dans la spirale des impayés et de l’endettement pour les plus précarisés, expulsions locatives, mise en vente massive de logements par des propriétaires cherchant à fuir les copropriétés…

Face à ces constats alarmants, ils préconisent l’octroi de primes ou de chèques pour les ménages qui entrent dans les conditions pour obtenir le tarif social, sur le modèle des dispositifs qui existent déjà (ex : prime chauffage ou chèque mazout), de manière la plus automatisée possible ou avec un minimum de démarches à charge des ménages, et à condition que le montant octroyé soit réellement significatif. Deuxièmement, des solutions plus structurelles s’imposent. Il n’est pas acceptable que des personnes qui répondent aux conditions pour pouvoir bénéficier d’aides de l’État, comme le tarif social, n’y aient pas accès du seul fait qu’elles habitent dans des immeubles à appartements. Il y a là un vide juridique qui crée une discrimination entre citoyens en fonction du type de logements qu’ils occupent.

Pour poursuivre les réflexions autour des nouveaux enjeux liés à la précarité énergétique, Cédric Vallet signe un papier dans le dernier numéro de la revue Alter Echos : « À Bruxelles, comment rénover le bâti sans chasser les pauvres? ». Le journaliste s’interroge notamment sur les passoires énergétiques, bénéficiant du tarif social par exemple : «  »Dans les passoires énergétiques, il faut davantage consommer de gaz ou d’électricité pour chauffer un bien, les factures augmentent considérablement», confirme Jan Willems, du CPAS de Bruxelles. Et cette consommation, due au manque de rénovation du bâti, est en grande partie prise en charge par la collectivité, via le tarif social, ce qui grève les finances publiques depuis que les prix s’envolent ». Se pose alors la question de la rénovation du bâti, ou plutôt de la « Rénolution », à en croire le plan stratégique du cabinet d’Alain Maron (Écolo), ministre régional de l’Énergie. Une stratégie adoptée par le précédent gouvernement, qui constitue avant tout une politique d’action climatique afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Si la lutte contre la précarité énergétique est mentionnée dans la stratégie «Rénolution», les dispositifs de soutien aux plus précaires, en particulier les locataires, qui pourraient faire face à des augmentations de loyer consistantes dans la foulée de la future vague de rénovations, restent flous. De plus, la précarité énergétique est mal mesurée à Bruxelles, car les indicateurs disponibles s’appuient sur le certificat PEB, dont la rigueur est souvent mise en doute et auquel échappent pour l’instant près de 55% des bâtiments bruxellois. Face à cette situation, la plupart des associations engagées auprès des populations précarisées réclament davantage d’interventions des autorités. Comme l’explique Georgy Manalis, responsable de la Fédération des CPAS bruxellois : «Il faudrait coupler des politiques comme Rénolution à des politiques de logement ambitieuses« .

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