« Une épidémie trans », vraiment ?

Quand on s’intéresse à la thématique des transidentités, il n’est pas rare de lire, par exemple, qu’il y a une « épidémie trans », qu’il « y en a de plus en plus ». Ce sont des propos tenus régulièrement sur les réseaux sociaux, mais également par des personnalités publiques. D’où vient l’idée qu’il existe une « épidémie » concernant les personnes trans ? Pourquoi l’emploi de ce terme n’est pas anodin ?

Extraits de l’analyse de Margot Foubert, publiée en septembre 2023, Soralia

La transidentité fait référence à l’identité de genre d’une personne transgenre, c’est-à-dire une personne qui ne s’identifie pas complètement et/ou questionne le sexe qui lui a été assigné à la naissance. Il est désormais préférable d’utiliser ce terme à « transsexualité », terme qui, il y a quelques années encore était utilisé par de nombreuses structures de l’associatif. En effet, le terme « transsexuel » sous-entendrait un raccourci entre l’identité de genre et la sexualité de la personne, or ces deux aspects d’un·e individu n’ont pas forcément de lien.

L’emploi d’« épidémie », marqué d’un aspect médical et négatif, n’est, bien sûr, pas anodin pour dépeindre les personnes trans sous un mauvais jour. Le lien que font certaines personnes entre transidentités et maladies n’est remis en question que depuis récemment. Par exemple, ce n’est qu’en 2019 que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) retire les transidentités du chapitre sur les troubles mentaux et comportementaux de sa Classification Internationale des Maladies. Or, sous-entendre que les personnes transgenres ont des troubles mentaux engendre de nombreuses autres discriminations, comme par exemple obliger les personnes trans à subir une stérilisation avant de pouvoir modifier leur marqueur de genre sur leur carte d’identité, ce qui était encore le cas en Belgique avant 2018.

En Belgique, l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes (IEFH) démontre qu’entre 1993 et 2021, soit en 28 ans, 3.262 personnes ont fait une demande de changement de la mention officielle de leur sexe sur leur carte d’identité. Après un rapide calcul, cela représenterait donc 0,02 % de la population belge. Gardons en tête que toutes les personnes transgenres ne passent pas forcément par cette étape, pour tout un tas de raisons. Un article du journal Le Soir affirme qu’« 1 à 3 % de la population adulte », sous-entendue mondiale, serait transgenre, en se basant sur des études réalisées dans d’autres pays.

Les chiffres, même s’ils varient d’une étude à l’autre, restent très peu élevés. Mais d’où vient donc ce ressenti qu’ont de nombreuses personnes, de voir de plus en plus de personnes trans ?

Cette idée peut venir de la confusion entre l’identité de genre et l’expression de genre d’une personne. Une personne peut donc s’identifier en tant que homme (identité de genre) tout en adoptant une apparence jugée féminine (expression de genre).

Effectivement, il est intéressant de noter que les chiffres présentés ci-dessus, certes peu élevés, sont en augmentation. Il semblerait, en effet, qu’aux États-Unis, la population transgenre âgée de 13-17 ans ait doublé entre 2017 et 2022, passant de 0,7 % à 1,4 %14. Cette augmentation, notamment chez les jeunes, peut cependant trouver une explication. Pour mieux comprendre, nous pouvons faire une comparaison avec le fait d’être … gauchère∙er ! En effet, à partir du moment où les enfants n’ont plus été interdits et/ou sévèrement punis d’écrire avec la main gauche, le pourcentage de gauchères∙ers dans la population a grandement augmenté en un temps record, jusqu’à se stabiliser. Plus de visibilité et d’acceptation des personnes trans ont mené à une augmentation de jeunes qui se sentent à l’aise d’exprimer leur transidentité !

D’un autre côté, plusieurs journées internationales sont dédiées aux personnes trans. C’est le cas, par exemple, du 31 mars qui, depuis 2009, célèbre la visibilité trans. Cela permet entre autres de visibiliser la pluralité des expériences que peuvent expérimenter les personnes trans, notamment leur parcours de transition pour celles qui en entament un. Côté média, bien que la visibilité et la présence de personnes trans et non binaires restent minoritaires, il a été observé que de plus en plus de documentaires sur les personnes trans ont été diffusés, notamment sur des chaînes de grande audience.

Notons néanmoins que ces représentations, bien qu’elles soient nécessaires, sont parfois très mal exécutées, selon les personnes concernées : reproduction de stéréotypes, méconnaissances des vécus, misérabilisme, fétichisation, etc.

Découvrez l’analyse dans son entièreté

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