


« magnifique ! » … « Intéressant… » Silence.
« Dithyrambique, sceptique ou mutique, le retour sur une œuvre n’est pas chose facile ». Voilà la réflexion de départ du dernier dossier paru dans le magazine semestriel Nouvelles danses qui se penche sur cette épineuse question des « retours » : comment formuler des retours sur un projet, une situation de travail, qu’il soit artistique ou non ?
Selon plusieurs modèles d’évaluation du stress au travail, le retour serait une ressource importante favorisant l’engagement et la motivation au travail. A condition de ne pas tomber pas dans les pièges de la maladresse, de la violence, voire de l’absence de retour, qui mettrait tout autant la personne en fragilité. Si la réflexion a pour point de départ le milieu de la danse, le dossier rappelle combien « prendre soin, s’émanciper [sont] des enjeux à dimension politique qui excèdent le cadre de la création artistique ».
Des outils existent pour aiguiser son regard et verbaliser avec attention. Selon la chorégraphe Fanny Brouyaux, le retour est d’ailleurs comparable à une démarche de soin, de « care ». En février 2022, l’artiste avait provoqué la rencontre entre soignants et danseurs/performers autour des questions soulevées par son spectacle « Warm » créé à partir des gestes de soins infirmiers : « juste » distance émotionnelle dans un rapport de soin ? Interstice gestes de soin-gestes dansés ?, etc. Plus d’infos ici. Une approche artistique qui permet de faire sortir les questions du soin à l’autre en dehors de l’hôpital, d’en reconnaitre toute l’importance, la fragilité et la beauté.
Le guide du retour
Vanessa Vallée et Stéphane Gornikowski ont réfléchi à “comment transformer le retour comme une ressource et non comme une contrainte” à travers ce guide disponible en ligne.
Un pas de côté
Jeu destiné aux professionnel.les pour analyser une situation de travail, à en caractériser les problématiques pour envisager des pistes de réflexions et de résolutions.
La collection « Tracts » de Gallimard accueille des essais susceptibles de nourrir nos débats de société et d’enrichir, en 48 pages (45 minutes en lisant lentement), notre compréhension de notre monde si complexe. Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste, se propose de parler du « soin ». Quel horizon ouvre-t-il, aujourd’hui, à l’heure où l’on n’a plus de temps que quantifié et monétisé ? La démonstration, faite à l’origine pour les membres de la chaire de philosophie à l’Hôpital de Paris, s’ancre dans une compréhension de l’Homme comme être de relation : « Il est responsable de tous les hommes. » Dans son travail, il n’est pas seulement gestionnaire : il développe « un mode d’attention aux choses » et aux autres, et c’est ainsi qu’il érige son humanité. Voilà pourquoi il est si important de rendre chaque individu « capacitaire », c’est-à-dire capable de relation et de souveraineté sur soi. Voilà pourquoi aussi il est si urgent de comprendre que notre vulnérabilité intrinsèque n’est pas un handicap, mais la source d’où peut jaillir l’attention à l’autre. (…) Cynthia Fleury plaide ardemment pour que ce soin soit possible, réfléchi, renforcé, entre autres par l’alliance entre les métiers de la santé et les humanités. Le soin suppose la reconnaissance de la vulnérabilité, sans victimisation.