La Strada (Centre d’appui au secteur bruxellois de l’aide aux sans-abri) vient de publier les résultats de son dernier dénombrement des personnes sans abri et mal logées à Bruxelles. Les conclusions ont de quoi inquiéter: le nombre de situations de vie précaires observées lors de ce comptage a presque doublé au cours des huit dernières années. Marinette Mormont, dans Alter Echos (16 juin 2017).
Depuis 2008, la Strada opère régulièrement un comptage des personnes sans abri ou mal logées (hébergement provisoire, logement précaire ou inadéquat) sur le territoire de la Région bruxelloise. Pour la première fois, ce dénombrement s’est effectué en deux temps: en novembre 2016 (soit avant le démarrage du dispositif hivernal) puis en mars 2017 (dispositif hivernal tournant à plein régime). Dans la nuit du 7 novembre 2016, ce sont pas moins de 3.386 personnes qui ont été comptabilisées par les quelque 180 volontaires mobilisés pour l’opération, soit pratiquement le double par rapport à 2008 (+96%).
Quelles sont les causes de cette drastique augmentation ? Différentes hypothèses sont formulées par le Centre d’appui au secteur bruxellois de l’aide aux sans-abri. Parmi elles: une fragilisation des couches les plus pauvres de la population par la crise économique ainsi qu’une importante problématiques d’accès au logement; conséquence de cette paupérisation, un accroissement des problématiques de santé, de vie, d’assuétudes…; l’augmentation des freins à l’accès des personnes à leurs droits sociaux; l’afflux des migrants sur notre territoire, parallèlement à un durcissement de la politique en matière d’accueil en Belgique et dans les pays voisins; la présence non négligeable à Bruxelles d’Européens qui n’ont pas accès à l’aide sociale belge.