A l’heure où le marché du travail malmène les travailleur·ses, les structures du travail social reproduisent des violences aussi, bien malgré elles. Il est essentiel de prendre le temps du soin. Du soin dans les relations entre collègues, du soin avec les personnes que l’on rencontre et celles que l’on accompagne. Prendre soin est politique.

L’absence de gouvernement régional tue l’associatif bruxellois à petit feu. Après plusieurs mois à tirer la sonnette d’alarme, les structures du non-marchand se voient contraintes de licencier une partie de leur personnel. Les douzièmes provisoires ne sont pas suffisants pour assurer la pérennité économique des asbls, forcées de revoir leur budget à la baisse. « Les subsides sont délivrés par tranche tous les 3 ou 4 mois. Ils sont basés, non pas sur un budget de 2025, mais sur celui de 2024. Cela ne suit donc pas l’indexation. Pire, on est déjà à la troisième tranche et certaines associations n’ont encore rien reçu », expliquait Kelly Timperman, conseillère politique chez Bruxeo, dans un article de la RTBF, publié en juillet 2025. De plus, les subsides régionaux dits facultatifs ont aussi été rabotés de 15% alors même qu’ils constituaient des subsides structurels pour un bon nombre de structures. Un uppercut de plus, pour un système à bout de souffle.

Le care, comme il est souvent nommé dans sa traduction anglaise, revêt un caractère révolutionnaire.
Longtemps laissé aux femmes (1), le soin est une responsabilité de toutes et tous. On parle ici de prendre soin du monde et de le faire de manière collective, pour résister à l’individualisme croissant qui nous éloigne les un·es des autres.

C’est une manière de réaffirmer le besoin de solidarité, ce besoin de s’organiser politiquement, au sein même des structures de travail. « Cette lutte-là […] consiste à déplacer les rapports de loyauté qui lient les travailleurs à leur structure, qui sont des rapports de subordination, vers des rapports de solidarité de classe, où travailleurs exploités et bénéficiaires se reconnaissent pour faire face, ensemble, à la hiérarchie du monde associatif » (2).
Un déplacement qui met en cause l’État, pour les un·es et les autres, perçu comme le gestionnaire d’une immense machine destinée à maintenir les populations dans la pauvreté.