« Territoire, nom masculin. Étendue de la surface terrestre sur laquelle vit un groupe humain ». Habituellement, une définition aide à cerner de quoi on parle. Cette fois, c’est loupé ! Appréhender le territoire est périlleux. Telle une truite de rivière, il suffit qu’on croie l’avoir attrapée pour qu’elle nous échappe ! Et le quartier ? Pire encore !
Bruxelles Infos Sociales n°180, la revue du CBCS, décembre 2022
Avant d’aller plus loin, on vous avertit : ne vous attendez pas à des définitions précises et figées sur ce qu’est un territoire, un quartier. Elles n’existent pas en tant que telles. Parce qu’elles s’adaptent continuellement au contexte auquel on les appose, se transforment, évoluent. C’est la raison pour laquelle ces notions sont d’ailleurs si intéressantes à utiliser. Le travail social, face à des formes de vulnérabilités multiples, l’a compris : travailler à partir de ces frontières floues du quartier, « qui se diluent petit à petit », permet d’aller au-delà des frontières institutionnelles, « de s’appuyer sur le tissu social, sur le vécu des gens ». (lire partie 2, « S’immerger »). A partir de cet espace, il est possible de construire des « modes de collaborations suffisamment standardisés pour pouvoir former rapidement un réseau autour d’une même personne, et à la fois suffisamment flexibles pour épouser les difficultés rencontrées par les personnes, qui souvent, ne rentrent pas dans les « cases » sectorielles prévues. (lire partie 3, Transformer »)
Alors, ce territoire, la nouvelle star du social-santé ? C’est sans doute là l’erreur à ne pas commettre : renvoyer systématiquement les problèmes sociaux au niveau local reviendrait à rester « dans une gestion des risques plutôt que de la réparation ». Et nous éviterait de regarder ce qui se passe en termes de classes sociales et d’inégalités. Autrement dit, « Dites-moi où vous habitez, je vous dirai qui vous êtes ! », cela ne suffit pas. (M. Hamzaoui, p.42)
Autre danger : faire primer la technique sur le débat politique ! A force de penser les principes, les objectifs, les modes de fonctionnement, les modes d’attribution de financement, … entre politiques, entre gens « d’en haut », on passerait à côté de tout ce qui constitue justement la richesse du territoire : partir de cette forme vivante, de l’existant, s’appuyer sur la subjectivité des lieux et des personnes, dans une posture de « curiosité non feinte pour l’autre dont on est par définition ignorant. Une position qui n’est pas au-dessus mais à côté, un peu en dessous ». (C. Deckmyn, p. 6)
Parce qu’au-delà de l’enjeu de construire une vision politique social-santé intégrée, ancrée dans la réalité et les besoins de ses citoyens, il est plus globalement question de « quelles villes voulons-nous pour habiter ensemble ?, « quelle vision de société » souhaitons-nous pour demain ?
Découvrir aussi notre page « Vers des politiques social-santé intégrées » qui prolonge la réflexion:
Comment construire la mise en place d’un travail social-santé intégré et par territoire avec les acteurs bruxellois ? Comment articuler les différents niveaux d’action ? En tant que professionnel du social-santé, que dois-je comprendre ? Qu’est-ce qui va changer ? Les limites, les écueils à éviter, les forces déjà existantes ?
La revue en version papier est disponible au CBCS, rue Mercelis 27 (2ème étage), à 1050 Ixelles, dans la limite des stocks disponibles. Au vu de l’augmentation du coût du papier et de l’envoi, nous avons malheureusement réduit le nombre d’impressions et d’envois.
