Migrants : la Grèce veut « décongestionner » ses îles

Face à une situation déjà explosive dans les camps de migrants en Grèce – surpopulation, manque de soins et d’hygiène, … – survient la décision du gouvernement conservateur grec de les remplacer par des plus grandes structures, mais fermées. Laura de la Sen, infirmière psychiatrique en Belgique, témoigne de ses missions humanitaires effectuées là-bas. Alors que cette décision de fermeture des camps est annoncée, ses mots sont autant de gifles, de signaux d’alerte, de cris à la fois d’impuissance et de résistance, pour lutter contre ces droits bafoués. Revue de presse et témoignage.


La Grèce va fermer ses trois plus grands camps de migrants près des côtes turques, peut-on lire sur le site du quotidien Le Monde, le 20 novembre 2019. Les camps des îles de Lesbos, Samos et Chios seront remplacés par des structures dotées d’une plus grande capacité mais qui, fermées, enfermeront les migrants le temps de la procédure.

Le commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe Dunja Mijatovic avait déjà jugé la situation des migrants dans les camps sur les îles grecques « explosive » et « au bord de la catastrophe » suite à une visite de 5 jours, fin octobre. (rtbf info)

Plus récemment, Caroline Willemen, coordinatrice belge pour MSF, rentrée il y a trois semaines de Lesbos raconte dans un article sur rtbf.be : « Ce que je vois surtout, ce sont toutes les petites tentes », se rappelle-t-elle. « Les familles mais aussi les personnes âgées, qui vivent dans des tentes, sous la pluie, dans la boue. »

La surpopulation dans le camp de Moria à Lesbos, qui accueille 9 000 réfugiés pour une capacité maximale de 3 100 personnes, entraîne des problèmes de santé pour les migrants, notamment des problèmes de santé mentale chez les enfants. « Ça commence avec des enfants qui sont agressifs par exemple, qui ne l’étaient pas mais qui le deviennent. Des enfants qui ne veulent plus manger, jouer, qui recommencent à faire pipi au lit à 10, 12 ou 14 ans. Des enfants qui se font mal, qui se mutilent. » MSF constate d’ailleurs « chaque semaine » des cas d’enfants qui ont tenté de se suicider.

Les conditions d’hygiène sont rudimentaires. « Il y a une toilette pour 65 personnes, une douche pour 90 personnes. Pour être très claire, personne ne devrait vivre dans ces conditions », assène-t-elle. « Mais c’est cela qui arrive aux gens à la frontière de l’Europe. Ce n’est pas une catastrophe naturelle, une épidémie. C’est un choix politique de l’Union européenne qui oblige les gens à vivre dans ces circonstances. Ça me met vraiment en colère. »

« Oubliée la question morale » écrit Jean-Pierre Stroobants dans Le Monde au sujet du manque de solidarité dont fait preuve l’Europe (octobre 2019) :
la situation des migrants dans les centres de détention de ce pays est régulièrement déplorée, mais jamais jugée suffisamment sérieuse pour entraîner la remise en question d’une politique visant à convaincre que l’Europe a cessé d’être la « passoire » décrite par les forces populistes. Lesquelles sont en tout cas parvenues à créer un sentiment d’insécurité identitaire.

Manque de solidarité, totale impréparation des Etats face à la crise de 2015, nouvelle division Est-Ouest, échec de la politique des « quotas » de relocalisations obligatoires, blocage des décisions qui permettraient d’élaborer une stratégie migratoire sur le moyen et le long terme : le bilan des quatre années écoulées est inquiétant. Sans compter, les milliers de morts et disparus – 17 000 depuis 2014, selon l’Organisation internationale pour les migrations – en Méditerranée.

Laura de la Sen, infirmière psychiatrique à la Clinique Saint-Michel (Bruxelles), s’est rendue à plusieurs reprises depuis 2017, sur les îles grecques afin de collaborer bénévolement avec une ONG espagnole de sauvetage maritime et d’assistance médicale dans les camps de réfugiés. Elle témoigne de sa mission humanitaire ici. Entre rétablissement d’un lien humain et ce que sa place institutionnelle lui permet de faire …

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